J'observais Klonk, tandis qu'il commandait son repas, et je ne pouvais m'empêcher
de remarquer à quel point l'amour l'avait transfiguré. Ses cheveux, habituellement tout ébouriffés, étaient soigneusement coiffés, sa barbe était bien taillée, ses vêtements impeccables. (...) Il se montra d'une politesse exquise avec la serveuse. Quand elle se retourna pour se diriger vers la cuisine, Klonk la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse, et il se tourna ensuite vers moi :
- Jolie, n'est-ce pas ?
- Très jolie, oui... Et ta fiancée, elle est jolie, elle aussi ?
- Ma fiancée ? Quelle fiancée ?
- Si tu te maries, tu dois avoir une fiancée, non ? Comment s'appelle-t-elle ?
- Je ne sais pas.
- Tu ne sais pas ? Tu veux te marier avec quelqu'un dont tu ne connais même pas le nom ?
- C'est un peu plus compliqué que ça... Je veux me marier, oui, mais je ne sais pas encore avec qui.
J'ai eu du mal à avaler mon potage. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de fou ?
- Laisse-moi t'expliquer. Je suis un peu orgueilleux, comme tu le sais. Alors j'ai décidé de me tendre un piège en envoyant cinq cents cartons d'invitation. Maintenant, il m'est impossible de changer d'idée sans perdre la face. Je n'ai pas le choix, je dois absolument me marier.
François Gravel, deux fois lauréat du prix M Christie (Zamboni, Boréal, et David et le Fantôme, Dominique et compagnie), du prix du gouverneur Général (Deux heures et demie avant Jasmine, Boréal) et du prix Alvine-Belisle (Klonk,Québec-Amérique), a pris sa retraite d'enseignant pour se consacrer à l'écriture.