"Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75 bis de la rue d'Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire et il était employé de troisième classe au ministère de l'Enregistrement. En hiver, il se rendait à son bureau par l'autobus, et, à la belle saison, il faisait le trajet à pied, sous son chapeau melon.
Dutilleul venait d'entrer dans sa quarante-troisième année lorsqu'il eut la révélation de son pouvoir."
Marcel Aymé.
"Comme le loup protestait de ses bonnes intentions, elle lui jeta par le nez :
- Et l'agneau, alors ?... Oui, l'agneau que vous avez mangé ?
Le loup n'en fut pas démonté.
- L'agneau que j'ai mangé, dit-il. Lequel ?
- Comment, vous en avez donc mangé plusieurs ! s'écria Delphine. Eh bien ! C'est du joli !
- Mais naturellement que j'en ai mangé plusieurs. Je ne vois pas où est le mal... Vous en mangez bien, vous !"
"Brillant de lune et d'étoiles, le ciel était d'un bleu glacé. À l'approche de la porte Saint-Martin, quelques silhouettes de passants surgissaient dans les coulées de lune et le pas des femmes chaussées de bois résonnait longtemps dans la nuit. Comme ils se Disposaient à franchir la ligne des boulevards, les deux hommes durent s'arrêter pour laisser passer une escouade de soldats allemands à bicyclette. La carabine en bandoulière, les cyclistes casqués roulaient silencieusement en direction de l'Opéra. Les valisards entraient dans une zone dangereuse."
Paris sous l'occupation. Le marché noir bat son plein : deux hommes fendent la nuit, chargés de vivres clandestins. Une traversée mythique, adaptée à l'écran en 1956 avec Jean Gabin dans le rôle de Grandgil.
"Derrière la vipère apparut une fille jeune, d'un corps robuste, d'une démarche fière. Vêtue d'une robe de lin blanc arrêtée au bas du genou, elle allait pieds nus et bras nus, la taille cambrée, à grands pas. Son profil bronzé avait un relief et une beauté un peu mâles. Sur ses cheveux très noirs relevés en couronne, était posée une double torsade en argent, figurant un mince serpent dont la tête, dressée, tenait en sa mâchoire une grosse pierre ovale, d'un rouge limpide. D'après les portraits qu'on lui en avait tracés et qu'il avait crus jusqu'alors de fantaisie, Arsène reconnut la Vouivre."
"Au village de Claquebue naquit un jour une jument verte, non pas de ce vert pisseux qui accompagne la décrépitude chez les carnes de poil blanc, mais d'un joli vert de jade. En voyant apparaître la bête, Jules Haudouin n'en croyait ni ses yeux, ni les yeux de sa femme.
- Ce n'est pas possible, disait-il, j'aurais trop de chance.
Cultivateur et maquignon, Haudouin n'avait jamais été récompensé d'être rusé, menteur et grippe-sou..."
"- Edmond ! Est-ce que tu es fou ? Voilà que tu encourages ta fille... Ah ! le jour où cette petite imbécile sera enceinte...
- Évidemment, dit Archambaud en s'adressant à sa fille, c'est la chose à ne pas faire. Il faut absolument éviter d'avoir des enfants. Ça coûte cher, c'est un embarras, une cause de soucis, de tracas, et pour une jeune fille, un handicap très lourd. Ta mère s'inquiète à juste titre de ta promenade au bois des Larmes. Ce n'est pas un endroit pour céder à un jeune homme. Il ne faut le faire que dans une chambre."
Un employé pauvre a le goût du vin. Mais l'époque est mauvaise, et les moyens lui manquent pour satisfaire sa passion. Un rêve traverse et hante l'une de ses nuits : de deux fontaines d'abondance le vin coule à flots. Le malheureux, poursuivi par son obsession, considère alors ses semblables sous la forme de bouteilles de vin. Il finira à l'asile d'aliénés, condamné à l'eau de Vittel.
Tel est le sujet d'une des nouvelles de ce célèbre recueil qui comprend aussi L'indifférent, Traversée de Paris, La grâce, Dermuche, La fosse aux péchés, Le faux policier, La bonne peinture.
Dans sa trente-cinquième année, un nain de cirque se mit à grandir, ce qui embarrassa les savants qui avaient fixé à vingt-cinq ans l'âge limite de la croissance. Incapable d'amuser encore le public, ou d'accomplir une autre besogne dans la troupe, il renonce au cirque et disparaît dans la foule...
Treize nouvelles qui ont établi la gloire de conteur de Marcel Aymé.
"Un jour de septembre, Martin devint amoureux et c'était justement l'une des choses qu'il redoutait le plus. D'habitude, quand il apercevait une jolie femme, il prenait la précaution de baisser les yeux. Mais ce matin-là, comme il se trouvait dans une boucherie de la rue Lepic, il entendit une voix d'or prononcer derrière lui : "Une petite tranche entre vingt et vingt-cinq sous", et déjà il était amoureux."
Une rue qui sue la misère. Chez Méhoul, deux fois assassin, se cache un autre repris de justice, Serreguemoine, qui a une fille. Noa a dix-huit ans, elle est mince et belle. La rue va l'aimer. Et trois hommes vont se la disputer...
La nouvelle qui donne son titre au recueil se passe à la campagne. C'est l'histoire d'une femme victime des cruautés de son mari, lequel a pris notamment l'habitude de la descendre au fond d'un puits. Mais les images de la poésie amoureuse la plus tendre finiront par lui apparaître sur les reflets de l'eau.
"'Monsieur Ancelot, vous me faites mal. Vous me faites mal.'
Le buste renversé, elle se collait à lui d'un jeu souple et, toujours geignant, plantait dans son regard celui de ses yeux vacillants. Il hésitait déjà, troublé par cette faiblesse éhontée. La violence qui bouillonnait en lui ne s'apaisait pas, mais il lui sembla qu'elle changeait de direction. La servante ne prenait plus la peine de dissimuler son manège et l'invitait d'un sourire aguichant."
"La cuisine était propre. Au milieu, l'Aurélie pendait à une grosse ficelle, accrochée par le cou. De grand matin, courbée sur son cuveau, elle avait entrepris de buander le linge. Au soir, elle avait eu envie de mourir, tout d'un coup, comme on a soif. L'envie l'avait prise au jardin, pendant qu'elle arrachait les poireaux pour la soupe."
Prix Renaudot
Marcel Aymé nous emmène ici dans son pays natal et fait vivre sous nos yeux trois couples tout en organisant l'affrontement des thèmes de la vie à la ville et de la vie à la campagne. L'action se passe à Chesnevailles, petit village de trois cents habitants. Là, le buraliste est «en même temps épicier, quincailler et cafetier». Deux fois par semaine un autocar fait le trajet jusqu'à Dôle.
C'est le Jura, au contact de la forêt et de la plaine: alors il y a deux types d'habitants. Les filles de la forêt, nous dit-il, ont plus d'imagination et de piquant. Ainsi Marthe, bientôt quarante ans: «Pour beaucoup, ses yeux noirs, son fin visage, les bizarreries de sa toilette, en faisaient une vamp d'un modèle champêtre.» Les hommes de la plaine, eux, sont plus lourdauds, plus terre à terre, tel Hyacinthe, qui a préféré revenir cultiver ses terres plutôt que de rester en ville après des études payées par l'oncle Victor Jouquier. Et Hyacinthe a épousé Marthe. Deuxième couple: l'oncle Victor et Sarah. Anticlérical comme tous les Jouquier et spécialiste du jansénisme, Victor a été professeur à la Sorbonne, il prend sa retraite dans son village natal où il achète une maison; il s'installe avec Sarah, qui a quitté la synagogue pour l'Eglise, comme pour raviver les tensions entre cléricaux et anticléricaux, leitmotiv du roman sinon de l'oeuvre de Marcel Aymé. Contrairement à Victor, satisfait de jouer au chef de clan, Sarah apporte conversations et parfum de vie citadine, une envie de thé à la terrasse d'un café et de vêtements à la mode -- ce qui émoustille Marthe en attendant que Hyacinthe se réveille et satisfasse ses aspirations. Le couple des Parisiens néo-ruraux apporte un autre facteur de déséquilibre: Janette, une jeune bonne est engagée à leur service, à laquelle Hyacinthe n'est pas indifférent. Troisième couple: Flavie et Gustalin. Tandis que "la Flavie", toute investie dans la vie de la ferme, a, contrairement à Marthe, perdu toute illusion concernant Gustalin, celui-ci rêve d'un grand garage à Dôle ou Besançon, au lieu de devoir réparer des vélos faute de voitures en panne dans son village. À la fin du roman Gustalin rêvera encore de trafic automobile et d'essor touristique...
À mi-lecture, on entrevoit une aventure possible entre Marthe et Gustalin, entre Janette et Hyacinthe. Mais chut! La saveur de ce roman passe plutôt par les dialogues, les digressions, qui permettent de goûter une langue qui s'efforce de coller au plus près du parler des villageois, avec des mots qu'on imagine ne plus trouver dans nos dictionnaires. La richesse du roman est dans les réflexions que se font les personnages, dans les arguments qu'ils s'opposent, dans des thèmes comme l'anticléricalisme. Lorsque Victor Jouquier prétend se réserver une place au cimetière près de l'église, c'est parce que c'est le coin d'où l'on a une belle vue. Hyacinthe, qui n'est ni pratiquant ni croyant, prétend faire la leçon au curé: «Je veux un curé, un vrai curé, un bon marcheur, bon mangeur, bon menteur, un vrai homme et un vrai curé qui sache mener le monde et faire peur aussi à nos femmes. Toi, curé, tu devais venir me dire: voilà ce qu'elle m'a dit, voilà ce qu'il faut faire. Tu es là pour ça. Les orémus c'est par-dessus.» L'hostilité de Hyacinthe envers l'Eglise est doublée d'une animosité envers ce curé: «Il gardait la dégaine d'un séminariste mal nourri, mal fini, pâle de partout, la poitrine creuse et point d'épaules. (...) Même passé au latin et roulé dans une soutane, ça ne faisait jamais un curé.»
Ce roman réjouissant (à l'exception de la mort dramatique de l'un des personnages) illustre parfaitement la manière de Marcel Aymé. Bien que l'auteur prétende que Gustalin «n'avait pas de titres bien exceptionnels à donner son nom au livre» , on peut imaginer qu'il a eu un faible pour ce personnage attiré par la mécanique et plus rêveur que les autres.
Rond de cuir doux et besogneux, marié a une femme laide, Justin Galuchey découvre la médiocrité de sa vie.
Il veut se libérer. Il se coupe les moustaches et sa volonté s'affirme. Il devient tout d'un coup chef de service, élégant, spirituel et il est aimé . À lui les ivresses du pouvoir, les charmes des belles étoffes et les troubles de l'amour délicat que lui porte la belle et fière Raymonde.
C'est l'oncle de Justin, avare et sceptique, qui met fin à l'aventure en exhibant une photo de l'ancien Justin, moustachu et ridicule. Raymonde rit et replonge Justin dans la monotonie d'autrefois.
"Le passe-muraille de Marcel Aymé (recueil de nouvelles en 1943), n'a pas, au contraire du Huis clos de Sartre, de prétention philosophique. Le merveilleux du passe-muraille fait office de métaphysique. Marcel Aymé parlant de la littérature pour enfants : «la vie quotidienne leur offre plus rarement qu'aux adultes ce visage ingrat qui incite à chercher hors du réel un refuge ou une revanche... Le monde réel, solide, qu'ils commencent à interroger, ne leur a pas apporté de déceptions suffisamment graves pour qu'ils éprouvent le besoin de s'en absenter... ce sont les grandes personnes (et particulièrement les hommes) qui manifestent le plus vif penchant pour le merveilleux...» Il fournit... une réponse tantôt aimable, tantôt tragique à certaines de ces inquiétudes métaphysiques. Philippe Dumat a «l'humeur du moment» du novelliste, Marcel Aymé : sa lecture alerte, enjouée se garde de donner au passe-muraille le ton doctrinal de la littérature engagée d'un Camus ou d'un Sartre. D'une voix dont chaque nuance cache à la fois la fantaisie, la tendresse ou un drame latent, Philippe Dumat fait revivre Garou-Garou et la butte Montmartre. A chaque instant, on craint de voir apparaître ce terrible héros au travers de nos murs !" Claude Colombini-Frémeaux & Alexandre Wong
"Au moment de rédiger ma prière d'insérer, il me vient le regret de n'avoir pas écrit une préface au Boeuf clandestin, qui eût été quelque chose comme une physique des péchés capitaux. Je me serais efforcé d'y démontrer qu'il existe un seuil de tension passionnelle au-delà duquel la consommation du péché acquiert, par les énergies mises en oeuvre, une sorte de justification plastique et qu'en deçà de cette limite, n'étant plus compensé par la dignité du mouvement, mais réduit à sa médiocrité statique, le péché n'est plus que laideur et mérite d'être appelé, seul, capital. Je n'aurais même pas reculé à indiquer que le seuil en question est en même temps celui du pardon, ce qui m'aurait peut-être gagné la sympathie des âmes romantiques.
Le pécheur le plus important de mon Boeuf est un homme bien élevé, bon père, bon époux et sollicité de modestes démons auxquels il cède avec mesure, en se tenant sans effort dans les régions d'"en deçà". Il ne saurait inspirer, à ce qu'il me semble, ni l'amour, ni la haine, ni la pitié. L'Enfer qu'il porte en lui ne répand qu'une chaleur et une puanteur très discrètes et le drame qu' il suscite reste muet. Les autres pécheurs sont également "en deçà", l'un d'eux, seul, affleurant au seuil.
À côté de ces insuffisances infernales, j'ai une très belle jeune fille dont la santé et la vertu un peu rêche sont extrêmement réconfortantes. J'ai un ingénieur qui est très bien aussi, travailleur, avare et méfiant. À la fin, je les marie."
Marcel Aymé.
Martin, vingt-huit ans, flegmatique d'apparence et méticuleux de caractère, a la curiosité d'examiner les tiroirs de son bureau. Il y découvre toute l'histoire de son prédécesseur, écrite de façon si étrange qu'il va se mettre à la recherche de cet inconnu.
De tiroir en tiroir, ou de hasard en hasard, Martin traverse des aventures dont le thème principal est l'amour, ou plutôt le sentiment qui pousse les femmes vers les hommes.
"Pour ce qu'on dit être noblesse de l'humaine espèce, j'en verrois mieux paraître le signe au souci honneste de quelque vraye perfection pour quoi nature a construict un chacun."
Ainsi, au dire du maître, la nature humaine n'est jamais si déshéritée qu'elle ne trouve en elle-même quelque passion honnête par où elle puisse prétendre à une perfection particulière. Il reste à faire le départ entre les passions honnêtes et les passions mauvaises. Nombre de celles-ci n'ont pas mérité leur réputation, mais aucune n'a pâti des rigueurs de l'opinion plus injustement que la passion du vin. Les moralistes, avec une incroyable légèreté, sur des apparences purement extérieures, telles que nez bourgeonné, dilatation d'estomac, delirium tremens s'accordent à condamner l'abus des boissons fortes et, bornés à des conclusions immédiates, prêchent dans l'ignorance des chemins sensibles, hantés de soleil et de rêves, et d'inhumaines géométries, qui mènent de la cause à l'effet. Voilà pourquoi Marcel Aymé entreprend de nous restituer en noblesse et en beauté l'ambition magnifique de boire à sa soif. Brûlebois, le tendre alcoolique dont il nous entretient, poursuit en pleine conscience de "la vraye perfection pour quoi la nature l'a construict", et jusqu'au martyre, son extraordinaire vocation d'ivrogne. Et, aux sermons désolants portés par le vent sec d'Amérique, Brûlebois oppose avec candeur son haleine incomparablement parfumée de gros vin.
... Comment un jeune et avantageux Centaure, issu d'une famille de hobereaux, croit découvrir l'amour auprès d'une orpheline - et puis comment il oublie ses furtifs serments à la première jolie jument rencontrée au détour d'une haie...
... Il était une fois un atelier de l'avenue Junot où se rencontraient le peintre Gen Paul, Louis-Ferdinand Céline, René Fauchois, Villeboeuf, Le Vigan, un ministre de l'Agriculture (anonyme) et une jolie fille prénommée Adélaïde qui n'aimait que les hommes à barbe - un poète la prit un jour en croupe de Pégase qui les enleva tous deux par-dessus le moulin de la Galette...
... Le pauvre adjudant Josse était bien malheureux d'avoir pris sa retraite, et vous ne sauriez imaginer - mais allez-y voir - par quels chemins imprévus, allant jusqu'au crime, il retrouvera le bonheur : la
cellule bénéfique et le bagne-paradis. 'Il lui semblait renaître à un monde cohérent où les hiérarchies et les consignes calaient sa conscience et le protégeaient contre les aventures sentimentales.'
... Et nous pourrions aussi vous dire quelques mots du mendiant-prophète de Detroit - de la vamp repentie de la rue Lepic, de la loi des 24 qui rajeunit les vieux, replonge les jeunes gens dans une enfance
retrouvée et haïe, et provoque des révolutions -, nous pourrions aussi vous faire entrevoir tous les autres héros burlesques, amers, fantasques, vrais, de ces récits. Mais encore une fois, allez-y voir : ces quelques heures de vacances heureuses, vous ne les regretterez pas...
"(De notre correspondant particulier). - Un crime révoltant, dont l'abjection le dispute à la barbarie, vient de mettre en émoi la population de notre paisible cité. Le théâtre de cet effroyable drame est une charmante demeure de style, surmontée d'un délicieux fronton, et blottie non loin de la cathédrale, parmi la verdure et les frais ombrages. Le propriétaire n'est autre que maître Marguet, notaire en la ville, qui s'est acquis dans la région une juste réputation de droiture et de bonté. La victime ?
Une jeune fille de dix-neuf ans, douce et candide créature, qui servait chez maître Marguet depuis six mois à peine..."
"Il y a une façon de discipliner les hommes dans les plus petites choses de la vie quotidienne qui les met une bonne fois à la merci de leurs femmes. C'est très bien vu. Mais il arrive un jour où tout de même on s'aperçoit qu'il y a autre chose à faire dans la vie que de s'aplatir comme un chien aux pieds d'une petite bonne femme pincée. Tiens, il faut que tu le saches. Je ne suis pas allé à Bucarest pour faire des affaires, mais parce que j'avais assez de ta chambre à coucher et de ton petit coeur bien épousseté. J'étais parti pour ne plus revenir. Et j'ai fait un voyage merveilleux, un voyage que tu ne peux pas comprendre dans ta petite tête de comptable."
"Si tu avais chez toi un enfer comme le mien, tu commencerais peut-être à comprendre. J'ai beau me dire que le monde est en feu, la vie, pour moi, c'est d'abord cette besace de boue et de malheur que je traîne dans la nuit de mon tunnel. La France envahie, les discours d'Hitler, de Churchill, la guerre en Russie, ça existe, mais la vie, la vraie vie, celle qu'on vit, c'est la bagarre avec la mégère, les coups de gueule, l'angoisse, la méfiance, les crachats du garçon qui vous arrivent en pleine gueule, c'est rentrer chez soi pour apprendre que son fils a fourgué les couverts, c'est penser à sa fille maquée à Toulouse avec un nervi..."
"La patte du chat"
Pour avoir cassé un plat très précieux, Delphine et Marinette risquent d'être envoyées chez la méchante tante Mélina. Heureusement, la solidarité des animaux de la ferme va jouer et sauver la situation.
"Le chien" :
En revenant des courses, Delphine et Marinette font une curieuse rencontre : un chien aveugle qui les supplie de l'adopter. Mais ce nouveau compagnon sera-t-il du goût des parents et du chat ?
Suivez Delphine et Marinette, les deux soeurs espiègles, et leurs amis les animaux de la ferme, dans deux autres aventures mêlant l'humour et le merveilleux, "Les boîtes de peinture" et "Le paon".
Lu par Michel Galabru, Roger Carel, Perrette contes du chat perché. C'est un remarquable conteur que chacun voudrait avoir pour grand-père, le soir au moment de se coucher. Perrette Pradier et Roger Carel lui donnent la réplique et font vivre cette étonnante et pittoresque société animale.